BESOIN EN MAIN D’OEUVRE

Plus le nombre de personnes âgées augmente par rapport aux jeunes, moins le nombre de gens cotisants aux régimes de retraite divers est élevé. L’une des conséquences directes : il sera bientôt révolu le temps où l’on prenait sa retraite à 50, 55 ans. D’une part parce que le système n’aura pas les moyens d’assurer à tous une retraite longue et dorée, d’autre part parce qu’on aura une pénurie de main-d’œuvre et qu’il faudra garder les travailleurs déjà en place.

La Société québécoise de psychologie du travail et des organisations parlait de ce danger à l’automne 2001 en faisant porter son colloque annuel sur l’impact de l’arrivée massive à la retraite des baby-boomers. Parmi les conséquences qui se profilent à l’horizon, on retrouve le problème du manque de relève pour combler les postes laissés vacants par les nouveaux retraités. Dans une telle situation, on risque aussi de briser le lien entre les employés plus âgés et les nouveaux, et de perdre ainsi l’expérience acquise. La SQPTO constate qu’il faut de toute urgence planifier cette transition pour éviter un épisode traumatisant, comme celui du départ en masse des infirmières au sein du système de santé québécois, mais à plus grande échelle.

La fonction publique : d’ici dix ans, au Québec, plus de 40 % des employés permanents de la fonction publique provinciale auront soit pris leur retraite, soit démissionné, ou seront simplement morts. On parle ici d’une main-d’œuvre majoritairement francophone. Ces départs pourraient alors amorcer une révolution dans la composition linguistique et culturelle de la fonction publique, selon qui remplacera ces employés.

Le vieillissement démographique affecterait directement la croissance économique en freinant l’« accumulation » du facteur travail, voire même en réduisant la quantité de facteur travail, mais aussi indirectement, notamment via ses effets sur la productivité du travail, sur l’épargne et sur l’accumulation du capital. Or, ces divers effets sont loin d’être clairs.

Le vieillissement démographique est considéré comme problématique, car les personnes âgées continuent de consommer, mais leur consommation doit nécessairement être financée autrement que par le salaire car elles ne travaillent plus [Lee, 2012]. Lors de la transition démographique, le déclin de la mortalité, puis de la fertilité accroît pendant plusieurs décennies les ratios de soutien démographique (rapportant le nombre de personnes en âge de travailler sur le nombre de personnes de plus de 65 ans), ce qui accroît la consommation par tête toutes choses égales par ailleurs. Une forte fertilité et une croissance démographique rapide réduisent la proportion de personnes âgées dans la population, ce qui allège le fardeau financier de la population active. Avec le vieillissement démographique, les ratios de soutien se détériorent, ce qui signifie que la consommation par tête devrait diminuer toutes choses égales par ailleurs, tandis que les systèmes de retraite et de santé connaissent des difficultés croissantes de financement.

L’impact net du vieillissement démographique sur l’épargne agrégée reste imprécis. Théoriquement, dans un modèle de cycle de vie standard, les agents lissent leur consommation au cours de leur existence, mais ils ne reçoivent pas de salaire initialement. Par conséquent, ils empruntent lorsqu’ils sont jeunes, puis se désendettent pour ensuite commencer à se constituer un patrimoine. Les retraités puisent dans leur patrimoine pour financer leurs dépenses : ils désépargnent. La transition démographique devrait donc se traduire par une hausse de l’épargne agrégée, puisque la part croissante de la population est d’âge intermédiaire. En réduisant la part des travailleurs d’âge intermédiaire dans la population active, le vieillissement démographique tendrait au contraire à réduire l’épargne agrégée si les agents ne changent pas de comportement. Or, l’allongement de l’espérance de vie pourrait justement inciter les agents à changer de comportement, notamment à rester plus longtemps sur le marché du travail et donc finalement à davantage épargner durant leur vie active. Si ce n’est pas le cas, les autorités publiques sont susceptibles d’imposer de tels changements de comportements. En outre, la plus grande incertitude entourant le système de retraite devrait d’autant plus inciter les agents à épargner durant la vie active. Ainsi, il n’y a pas consensus sur le sens dans lequel variera au final l’épargne agrégée, mais les économistes ne s’accordent pas non plus sur le rôle exact que joue l’épargne dans la croissance économique.

Dans un cadre néoclassique, l’épargne est un préalable à l’investissement. Donc, si le vieillissement démographique conduit effectivement à une baisse de l’épargne agrégée, celle-ci nuira à la croissance économique. En réduisant le nombre de travailleurs et leur productivité, il réduit la contribution du facteur travail à la production potentielle. Il risque notamment de pénaliser la croissance à long terme en freinant l’entrepreneuriat et l’innovation. Selon David Bloom, David Canning et Günther Fink (2011), le vieillissement de la population dans les pays avancés devrait contribuer à réduire l’épargne et l’offre de travail par tête, mais leur analyse des pays de l’OCDE suggère que, loin d’être catastrophique, le ralentissement de leur croissance économique devrait être modeste

L’Immigration comme solution au vieillissement de la population

Pour de nombreux pays ayant une population vieillissante, les immigrants sont de plus en plus un outil important pour combler les lacunes de la population active. Par conséquent, il devient important pour chaque pays d’adopter des mesures appropriées visant à assurer un impact positif, tant pour le pays d’accueil et que pour les immigrants eux-mêmes.

Au cours des dix dernières années, les migrants ont représenté 47 pour cent de l’augmentation de la main-d’œuvre aux États-Unis, et 70 pour cent en Europe. La migration familiale, humanitaire et économique ont constitué les principales sources tandis que la migration contrôlée de main-d’œuvre a représenté un partie relativement faible du courant. La migration dans ces pays souligne les contributions importantes des immigrants à leurs marchés de travail.

Le niveau d’éducation des migrants, un indicateur important de la réussite de l’établissement, suit un schéma similaire à celui de la population native: les jeunes sont plus instruits que les plus âgés. Parmi les migrants qui trouvent un emploi, plus d’un tiers ont suivi des formations auprès d’institutions d’enseignement supérieur, mais la même quantité n’a jamais terminé d’études secondaires. Depuis 2000/01, les immigrants ont représenté 31 pour cent de l’augmentation de la main-d’œuvre hautement qualifiée au Canada, 21 pour cent aux États-Unis et 14 pour cent en Europe.

Les immigrants alimentent aussi les parties les plus dynamiques de l’économie. Si une industrie est en croissance, les migrants vont jouer un rôle et même chose lorsqu’une industrie est en baisse, malgré que  la majorité de la migration ne soit pas dictée par les besoins de main-d’œuvre.

Les nouveaux immigrants ont représenté 22 pour cent des inscriptions dans les professions à forte croissance aux États-Unis et 15 pour cent en Europe. Les secteurs comprennent les soins de santé, la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques.

En outre, les immigrants ont représenté environ un quart des inscriptions dans les professions les plus fortement en déclin en Europe (24 pour cent) et les États-Unis (28 pour cent). En Europe, ces professions comprennent les travailleurs d’artisanat et métiers connexes, ainsi que les opérateurs et assembleurs de machines; aux États-Unis, ils concernent essentiellement des emplois dans les secteurs de la production, l’installation, la maintenance et la réparation. Dans tous ces domaines, les immigrants comblent les besoins de main-d’œuvre en prenant des emplois considérés par les travailleurs locaux comme présentant des perspectives de carrière peu attrayantes ou manquantes.

L’emploi est souvent le facteur le plus déterminant concernant la contribution économique des migrants dans un pays d’accueil. Si l’emploi des migrants serait élevé au même niveau que l’emploi des citoyens de naissance de nombreux pays européens, des gains importants au PIB seraient réalisés. Cela pourrait aussi aider les immigrants à atteindre leurs propres objectifs : La plupart des immigrants n’ont pas quitté leur pays pour recevoir des prestations sociales, mais pour obtenir du travail et améliorer leur vie et celle de leurs familles par le biais des envois de fonds à l’étranger. Les efforts visant à mieux intégrer les immigrants devraient donc être considérés comme un investissement plutôt qu’un coût.

La migration internationale a des effets directs et indirects sur la croissance économique. Il y a peu de doute que lorsque les migrations participent à faire grossier le bassin main-d’œuvre, le PIB global croît. Cependant, la situation est moins claire en ce qui concerne la croissance du PIB par habitant.

 

 

 

 

Rendez-vous

Appelez-nous ou remplissez le formulaire ci-dessous et nous vous contacterons. Nous nous efforçons de répondre à toutes les demandes dans les 24 heures les jours ouvrables.